Dans le district d’Amina, dans la préfecture de Siguiri, un tragique incident a secoué la communauté locale. Fatouma Condé, une jeune femme fraîchement mariée, a été retrouvée pendue dans la douche de sa maison, seulement deux semaines après son union. L’affaire, qui suscite émotion et incompréhension, met en lumière des éléments complexes mêlant traditions, famille et religion.
Adama Condé, père de la défunte : « Je ne forcerai jamais ma fille à se marier »
Adama Condé, originaire de Faranah, et père de Fatouma Condé, a partagé son témoignage sur les événements qui ont précédé le mariage de sa fille. Selon lui, tout s’est déroulé dans le respect des principes religieux et communautaires. Il explique :
« Je suis le père biologique de Fatouma. Son époux, Monsieur Nainy Mara, est venu me demander la main de ma fille en mariage selon les principes de l’islam. Je lui ai dit d’abord d’aller s’entretenir avec elle pour s’assurer de son consentement. Une semaine plus tard, il est revenu vers moi, affirmant que Fatouma avait accepté sa proposition. J’ai alors convoqué ma femme et ma fille pour vérifier cette information, et à trois reprises, Fatouma a confirmé qu’elle était prête à l’épouser. Nous avons donc autorisé ce mariage, qui s’est déroulé selon les voies religieuses et communautaires. Ce jour tragique, j’étais à Sinimbaya quand j’ai appris la nouvelle. »
Le père de la jeune femme insiste sur le fait que le mariage n’a pas été imposé à sa fille et que tout s’est déroulé dans les règles établies par la société et la religion.
Moussa Camara, responsable de la mosquée : « Le mariage s’est déroulé sans contrainte »
Moussa Camara, responsable de la mosquée du quartier 36 à Siguiri, où a eu lieu le mariage religieux, a également livré son témoignage. Il a précisé que l’union avait été célébrée dans le respect total des croyances islamiques et en présence de témoins.
« Ce mariage a été établi sans heurts, sans violences, et surtout sans aucune forme de contrainte. La mariée, Fatouma, a clairement exprimé son accord devant plusieurs témoins dans la mosquée. Nous avons respecté le protocole religieux et obtenu son approbation avant d’avancer avec la cérémonie. En tant que croyants, nous devons accepter le destin et la volonté de Dieu, même si cela reste difficile à comprendre. Jusqu’à ce jour tragique, nous n’avons jamais été témoins de tensions entre le couple. »
Nainy Mara, époux de la victime : « Je ne comprends pas ce qui a pu la pousser à cet acte désespéré »
Contacté après le drame, Nainy Mara, le jeune époux de Fatouma, est encore sous le choc de cette perte inattendue. Il a décrit son parcours avec la victime et les circonstances entourant le mariage.
« J’ai demandé la main de Fatouma en mariage auprès de ses parents avec l’intention sincère de l’épouser. Après avoir obtenu leur accord, ils m’ont assuré que leur fille était également consentante. Nous avons suivi les traditions en offrant des noix de cola, et j’ai entamé les préparatifs de la dot. Pendant cette période, un différend familial est survenu chez mes beaux-parents, et ils m’ont confié leur fille pour quelques mois, le temps de résoudre leurs problèmes. Une fois la situation calmée, nous avons célébré notre mariage. Bien qu’il n’y ait pas eu de grande fête, ma femme a souhaité un dîner religieux pour marquer cet engagement. »
Cependant, tout a basculé peu de temps après. Nainy Mara raconte comment il a découvert sa femme sans vie :
« Hier, j’ai terminé ma journée de travail très tard et je ne suis rentré qu’après minuit. Ce matin, j’avais prévu de rendre visite à ceux qui nous avaient soutenus pendant cette période difficile. En chemin, j’ai rencontré les frères de ma femme, et nous sommes allés chez elle. La porte était fermée. Inquiets, nous avons contacté sa mère, et ensemble, nous avons décidé de forcer la porte. À l’intérieur, nous avons découvert Fatouma pendue dans la douche avec son foulard. C’était un choc terrible. Nous n’avions eu aucune dispute, et je ne comprends pas ce qui l’a poussée à commettre cet acte désespéré. »
Une tragédie qui laisse des questions sans réponse
La mort de Fatouma Condé reste entourée de mystères. Selon les témoignages recueillis, rien ne laissait présager un tel drame. Le mariage, selon toutes les parties concernées, avait été voulu et accepté par la jeune femme. Aucun signe de conflit ou de mal-être n’avait été observé entre les époux, et les proches de Fatouma peinent à comprendre ce qui a pu la pousser à mettre fin à ses jours.
Les autorités locales, en collaboration avec la famille, devraient enquêter pour tenter d’apporter des réponses à ce geste tragique, et surtout, pour éviter que d’autres familles ne soient frappées par une telle tragédie.
En attendant, la communauté d’Amina est en deuil, et les proches de Fatouma Condé cherchent à faire leur deuil dans le respect de la mémoire de la jeune femme.
Djoumè Sacko