Non, n’accusons jamais le gouvernement, ne nous offusquons pas du mal généralisé. Croisons les bras et attendons que « Dieu » agisse pour nous… Qu’est ce que nous pouvons être marrants?
Nous vivons les conséquences directes de notre lassitude, des replis identitaires, de notre profonde résignation. Encore et encore, ce peuple restera complice à jamais de son destin tragique. Il se dote de dirigeants qui s’en fichent éperdument de sa condition de vie, qui sectarisent les consciences et le laissent dans l’éternel ébahissement…
Eh mais… Dans quel État sommes-nous ? Alpha Condé et son gouvernement vont finir avec nous…. Des propos du genre à nous disculper nous-mêmes.
On s’étonne face à notre propre cupidité. Nous devenons inoffensifs parce qu’il nous faut assumer notre attitude antivaleur, il faut pas lâcher quoi qu’il advienne face à ces adversaires hypothétiques que nous nous sommes créés dans la tête en ignorant que nous sommes un « peuple » au destin singulier. Je mets le terme « peuple » entre guillemet parce qu’en réalité nous ne le sommes pas.
Pourtant, au final, nous nous rendrons compte que la souffrance n’a pas d’identité, elle ne connait ni ethnie, ni région, ni religion, ni appartenance politique…
Il est en effet important de remarquer que ce n’est pas l’augmentation du prix du carburant, qui offusque. La question c’est : » Est-ce nous les guinéens qui devrons payer le tribut de cette descente aux enfers économiques »? Peut-être bien normal. En ces temps difficiles, crise sur crise, chaque acteur doit jouer sa partition… Le peuple y compris. Cependant, figurons nous qu’en un mois, les tarifs de téléphonies ont connu une augmentation, le carburant aussi…aucune répercussion sur les conditions de vie des citoyens, ni moins dans la résolution des problèmes quotidiens de base. Sur le marché, bien avant, les augmentations anarchistes sur les prix des denrées sont visibles, tout se revoit à la hausse désormais.
Je répète que la faute, elle n’est imputable qu’à nous même, ce peuple qui se morfond dans la division face aux problèmes existentiels. Ça ironise les trucs comme ça sur les réseaux sociaux, mais à quoi faut-il espérer encore?
Arthur Shaupeauner écrivait: « l’État, c’est une muselière dont le but est de rendre inoffensive cette bête carnassière : l’Homme, et de faire en sorte qu’il est l’aspect d’un herbivore ». Nous nous aveuglons volontairement en laissant libre court à la victimisation éternelle. Ce peuple désuni, distancié ne peut qu’accepter tous les maux qu’il subit. Il est l’acteur majeur de tout ce qu’il vit. Attendons nous à d’autres couleurs de souffrance encore et encore….
En sommes, nous sommes pris aux chaînes par notre cupidité, nous l’assumons à contrecœur, nous vivrons cela tant que nos consciences ne se révolutionnent pas.
Dieu ne sauvera ce peuple, il devra se sauver lui-même…
Aboubacar Sidiki Kaba, Sociologue.