A l’instar des grandes villes de la Guinée, les cours d’eau de la préfecture de Kindia située à 135 km de Conakry, font face à une insalubrité. Des rivières comme Takhou, Sorondo, Fissa et Wawa ainsi que la source d’eau Koukou, ne sont pas épargnées. Elles subissent une dégradation causée par les activités humaines. Parmi lesquelles, le dépôt des ordures composées des déchets dégradables et non dégradables comme les plastiques, le long de ces cours d’eau. Toute chose qui impacte visiblement leur développement et fait réagir les citoyens..
Mamadama sylla interrogée dans un marché de la commune urbaine, déplore l’incivisme de certains citoyens et dénonce les pratiques qui contribuent à la destruction des cours d’eau de la préfecture :
« La pollution des eaux, qu’elle soit causée par les déchets, ordures ou l’utilisation excessive des produits chimiques agricoles, met en péril la qualité de nos cours d’eau, rivière souterraine. Malheureusement, aujourd’hui de nombreux sites comme wawa, Koukou… sont désormais contaminés par des résidus toxiques, des déchets plastiques, et des substances chimiques, souvent déversés sans précautions, ni réglementation adéquate . Pourtant, à notre époque, ces cours d’eau étaient d’une bonne qualité. Car, on en buvait et se lavait avec. Mais aujourd’hui, tel n’est plus le cas », déplore-t-elle.
Cette mère de famille originaire de la sous-préfecture de Damankanyah, poursuit en pointant du doigt les autorités locales : « Surtout n’oublions pas que ces phénomènes sont causés par un manque d’assainissement, une gestion insuffisante des déchets et une sensibilisation limitée des acteurs locaux aux enjeux environnementaux ».
Dans la même lancée, Saydouba Camara, conducteur de taxi rencontré au quartier Tafory dans la commune urbaine, affiche son inquiétude face à cet envahissement des cours d’eau par les déchets.
« La pollution de l’eau est un phénomène critique pour la population de Kindia. La consommation d’eau contaminée peut favoriser la recrudescence des maladies tropicales telles que le choléra, la dysenterie et d’autres infections intestinales. Ce qui impacte gravement notre santé surtout celle des enfants ».

À Kindia, les eaux des rivières Wawa, Tôkhou entrent dans les travaux domestiques des citoyens riverains. Nombreux sont ceux qui s’en servent pour faire la vaisselle, le linge, voire le lavage. Selon, les informations recueillies de sources locales, elles étaient aussi destinées à la consommation il y a quelques années. De nos jours, avec les déchets qui y sont déversés, l’inquiétude grandit chez les citoyens.
« Alors je lance un appel à l’ensemble des acteurs et autorités locales ,entreprises et citoyens de revoir leur pratique et renforcer les mesures de gestion et de sensibilisation. surtout aux citoyens de s’abonner aux ONG chargées des déchets », lance Saydouba Camara.
Les autorités se disent préoccupées
Dans la commune urbaine de Kindia, les autorités communales ont mis en place en 2010 une Direction chargée de l’eau et de l’assainissement. Joint au téléphone, le Directeur Général de ladite Direction affirme être conscient des enjeux que présente l’insalubrité des cours d’eau de la ville. Selon M. Sylla, les trois rivières qui traversent la ville de Kindia à savoir : Tôkhou, Fissa, Wawa, attirent leur attention et sont suivis par l’agence qu’il gère. « Chaque année, on prend le devant en faisant des propositions de curage des trois rivières qui traversent la ville. Depuis 2007, suite à une forte inondation qui a causé des morts et des pertes matérielles importantes, nous faisons ce travail. Chaque année, en mai et juin, on procède aux curages des lits de ces 3 rivières. Depuis lors, on n’a pas enregistré des genres d’inondations comme par le passé », a-t-il dit.
Malgré les curages évoqués, ces rivières font face à une insalubrité favorisant ainsi leur destruction. Sur cette situation, le Directeur Général de l’assainissement et de l’eau de Kindia, accuse certains citoyens. « Actuellement, on fait beaucoup de sensibilisations dans ce cadre. Mais certains guinéens s’entêtent toujours. Pour contrecarrer ce phénomène, on a même engagé des PME de ramassage dans ces quartiers. Et on a insisté pour que chaque ménage s’abonne », s’exprime t-il, avant de mettre un accent sur les sanctions. « Nous avons dit que quiconque sera pris en flagrant délit de jet d’ordures dans ces cours d’eau, payera la somme de 1 500 000 GNF [180 USD] » .
Malgré l’existence de 8 Petites et moyennes entreprises (PME) recrutées par la Commune urbaine de Kindia à l’issue d’un appel d’offre, les ordures et d’autres déchets sont visibles le long des cours d’eau. A qui la faute ? « Malheureusement, beaucoup de citoyens déversent les ordures la nuit. Aussi, il y a des gens qui dirigent les canaux d’évacuations des toilettes vers ces cours d’eau. Là aussi, nous avons interdit et envisagé la même sanction. Il s’agit du paiement de la somme de 1 500 000 GNF comme amende ”.
Située au quartier Sarakoléya dans la commune urbaine, le site Koukou qui fait partie des principales sources d’eau de la ville, courbe ces derniers temps sous l’éffet de l’urbanisation et des déchets qui y sont constamment jétés par les citoyens.
Selon le site eaufrance, la pollution en milieux aquatiques occasionne non seulement la mort des espèces, mais à une eutrophisation des milieux, des effets toxiques et des maladies.
Des réglementations guinéennes
Selon l’article 31 du code guinéen de l’eau, le déversement dans les eaux à la surface du sol, en profondeur, de toute matière pouvant entraîner une pollution sont soumis à l’autorisation du Ministre chargé de l’environnement en concertation avec le Ministre de l’hydraulique.
En ce qui concerne la prévention des effets nuisibles des eaux, l’art 25 du code de l’eau précise que cette mission est régie par l’arrêté du Ministre chargé de l’hydraulique. « Il appartient en outre aux divers services concernés de l’administration en accord avec le Ministère chargé de l’hydraulique d’éditer toutes les mesures réglementaires relevant de leur compétence et couvrant notamment : la mise en place et la gestion des systèmes de prévision et d’annonce des crues et des étiages; la réalisation des digues et ouvrages de protection des berges ainsi que leur entretien, réparation et réfection; la lutte contre l’érosion des sols et le déboisement…»
Mabinty keita pour Kankan24.com/Batè FM Kankan