Il y’a quelques semaines le Président de la transition guinéenne déclenchait une grande vague d’assainissement collectif qui avait fait bouger tout son gouvernement sans aucune exception. Chose que j’avais signalée inopportune si des actions concrètes n’y précédaient pas. C’est suite à cela que le MATD à son tour a initié un certain nombre d’actions, qu’il faut d’ailleurs saluer.
Ceci dit: aucune action n’est négligeable pour une efficace de déchets car, l’assainissement c’est une affaire de tous et de personne.
Si diverses mesures peuvent être prises pour une gestion durable de déchets à conakry, voici un certain nombre de constats que j’appellerai, mesures clées que le gouvernement devrait affiner pour réussir dans leur approche:
– Assurer un leadership politique pour l’assainissement: le secteur doit impérativement devenir une priorité politique de haut niveau, en particulier dans les endroits d’accès difficiles. Le gouvernement au niveau national, mais aussi au niveau local, doit impulser un leadership politique, définir les priorités et les cibles et apporter une vue d’ensemble. Sur ce dernier point, assurer la coordination entre les différents ministères et départements concernés (qui sont souvent fragmentés) est essentiel. L’assainissement ayant un impact multi sectoriel, le gouvernement se doit d’établir des mandats clairs pour l’ensemble des secteurs concernés en termes d’assainissement.
– Élaborer des politiques inclusives pour réaliser le droit à l’assainissement: les décideurs doivent prendre en compte les ressources disponibles, les spécificités contextuelles et les facteurs de vulnérabilités des populations pour définir des objectifs réalistes et atteignables. Pour se faire il est nécessaire de favoriser un environnement propice à la détermination des réformes et à la définition des objectifs : les dispositifs institutionnels doivent être inclusifs, permettant le dialogue et la participation de tous les acteurs.
– Mettre en place des plans d’action, un système de régulation et suivi : les politiques d’assainissement doivent être accompagnées des plans d’action, assortis de ressources financières et humaines. Les plans doivent avoir pour objectif d’améliorer l’accès aux sévices d’assainissement, tout au long de la chaîne, en prenant en compte les besoins et priorités de tous les acteurs concernés. Ces plans doivent prévoir l’atteinte d’objectifs pour les quels ont été fixées des échéances précises dans le temps et des indicateurs de suivi de performance tout au long de la chaîne d’assainissement.
– Combler les lacunes en matière de resources humaines : des formations adaptées sur l’assainissement aux différents métiers de la filière doivent être mise en place, dans les départements où les ressources en nombre insuffisant et où les besoins sont plus cruciaux. Un focus doit être mis sur la formation et améliorer les conditions de travail des personnels en les dotant des EPI pour leur sécurité.
– Mettre en place de solutions adaptées au contexte local tout au long de la chaîne : en ce sens la participation de la population aux politiques et aux programmes gouvernementaux est essentielle. Différents systèmes d’assainissement peuvent être utilisés: collectifs ou autonomes. Si l’assainissement autonome prend de l’ampleur, l’assainissement collectif est encore trop perçu à tort comme le seul système <<viable>> pour beaucoup de collectivités locales. Il faut de ce fait promouvoir les deux systèmes et garantir la qualité de l’ensemble de la chaîne de l’assainissement.
– Appuyer l’innovation: la multiplicité des contextes, mais aussi les enjeux actuels du changement climatique, de la pollution des ressources, de la multiplication des crises et des conflits, doivent mener au développement de solutions innovantes à tous les niveaux et l’état doit soutenir ces innovations particulièrement, celles qui ciblent le secteur d’environnement, du recyclage et de la revalorisation de déchets.
– Attirer des ressources supplémentaires: l’Etat doit également attirer des ressources supplémentaires, tant techniques que financières, auprès des pays donateurs d’APD et auprès du secteur privé. Les experts du secteur appellent à l’utilisation stratégique et rationnelle du financement de l’APD pour servir de garant à des investissements plus importants. Le financement mixte est aussi très prometteur, mais tous les acteurs doivent être prêts à accepter des rôles et des approches qui s’éloignent de leurs procédures opérationnelles traditionnelles pour combler véritablement le manque de financement.
Le suivi des résultats des programmes de financement mixte demande beaucoup de souplesse.
Il faut noter que cette liste de recommandations n’est pas du tout exhaustive elle peut évoluer et être adapter selon le contexte.
Ces recommandations sont principalement adressées au Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation ainsi qu’à tous les autres acteurs impliqués dans la question de l’assainissement en Guinée.
Nouhan DOUMBOUYA, apprenant Eau Hygiène et Assainissement de l’action humanitaire.