Située au Sud-est de la Guinée, la chaîne de montagne Simandou regorge la plus grande réserve identifiée de minerai de fer dans le monde estimée à 2,4 milliards de tonnes. Sa teneur en fer est estimée à 67%. Les différents partenaires de l’Etat guinéen, doivent investir entre 15 et 20 milliards USD pour les infrastructures portuaires et ferroviaires.
L’exploration et l’exploitation des blocs 1 et 2 sont confiées à Winning Consortium Simandou (WCS) dans la préfecture de Kérouané à 788 Km de Conakry. Et Rio Tinto SIMFER pour les blocs 3 et 4, situés à dans la préfecture de Beyla située à environ 907 Km de la capitale guinéenne. Il comprend également la construction d’un chemin de fer d’environ 650 km reliant les sites miniers au port de Forécariah.
Si ce projet augure plein d’espoirs chez les dirigeants et le peuple de Guinée, il n’est pas sans conséquences sur l’environnement. Parmi les impacts environnementaux et sociaux, figurent : la pollution des eaux et de l’air, la perte de terres agricoles, et atteintes aux droits humains.
Pour y faire face, les communautés riveraines, soutenues par l’ONG Action Mines Guinée, ont mis en place un comité de suivi à Nionsomoridou, l’une des sous-préfectures situées à 25 km de Beyla centre. Cette démarche vise à défendre les droits des populations affectées et impactées. Contrairement aux rapports précédents qui ont été publiés de façon trimestrielle, ce dernier est le résultat de six (6) mois d’activités (Mars-Août 2025).
Au cours de cette période, le comité a documenté douze (12) impacts concernant l’expropriation des terres, la perte des moyens de subsistance, à Kamandou, et à Nionsomoridou. Des anciennes plaintes, notamment les réponses apportées par la société Rio Tinto Simfer ont été également suivies.
Il s’agit d’un rapport de 20 pages rendu public le 24 septembre 2025 par le comité de suivi des impacts de Beyla avec l’appui technique d’Action Mines Guinée. A cette occasion, une cérémonie a été organisée au siège de la commune rurale de Nionsomoridou. Elle a regroupé les autorités administratives locales, les représentants des communautés affectées ainsi que ceux de la société Rio Tinto SIMFER et ses entreprises sous-traitantes. Objectif : présenter non seulement ce quatrième rapport d’impact trimestriel du comité de suivi des impacts du projet Simandou dans la préfecture de Beyla, mais aussi interpeller la société et les autorités sur les différents impacts.
Selon M. Donzo, Coordinateur préfectoral du comité de suivi des impacts du projet Simandou à Beyla, sur les 20 rivières de la chaîne de montagne Simandou au sud-est de la Guinée (bloc 3 et 4) à Beyla, 4 d’entre elles sont impactées. « Les conséquences sont visibles. L’eau de la rivière Miyah était buvable il y a quelques années en arrière, on y pêchait du poisson et les gens s’y lavaient. Mais de nos jours, elle est affectée par les travaux du projet Simandou. Les femmes n’y font plus la vaisselle et le linge, les poissons ne sont plus pêchés et l’eau n’est plus utilisée pour les travaux domestiques », a-t-il expliqué avant d’ajouter : « D’autres cours d’eau sont également touchés ».
De Watafredou 1 et 2 à Tamikola en passant par Kamandou, Morybignedou jusqu’à Bangalidou, des impacts ont été constatés. Ce quatrième révèle des pertes de moyens de subsistance à travers le déversement de la boue dans des champs agricoles, provenant des activités de la société Rio Tinto Simfer, la pollution des cours d’eau, l’expropriation des terrains…
Des citoyens impactés portent plainte
Face à ses impacts, des plaintes individuelles et collectives ont été déposées au niveau de l’entreprise. Mais selon le rapport, Rio Tinto Simfer a fait le constat et enregistré certains dommages concernés sans réparation concrète. C’est le cas à Kamandou où suite à une perte de moyen de subsistance à travers le déversement de la boue et des graviers dans une plantation de la localité, la société tarde à réparer le dommage. « Aucune réparation n’a été faite. C’est la raison pour laquelle, le comité a été sollicité afin d’appuyer le plaignant dans le cadre de sa revendication. Plainte déposée le 02/09/2025 », indique le rapport.
Recommandations
Pour un projet Simandou réussi et profitable à tous, le comité de suivi de Beyla formule des recommandations aux différentes parties prenantes
« La première chose c’est l’eau potable et ensuite, mettre les moyens à disposition pour la sensibilisation afin que la paix et la cohésion règnent entre les entreprises et les communautés ».
Outre la desserte en eau potable et buvable, le Coordinateur du comité de suivi, recommande à la société la construction et multiplication des centres de formation. « Ils sont en train de construire certaines écoles, mais nous sollicitons la construction des centres de formation pour permettre aux jeunes de se former davantage et se préparer pour l’après projet Simandou ».
D’autres recommandations sont citées dans le rapport dont :
- La Collaboration avec le comité sur le terrain en l’associant notamment au processus de résolution des plaintes pour améliorer la transparence et la redevabilité ;
- Réparer de manières convenable et satisfaisante les préjudices causés aux communautés surtout les questions de pollution d’eau et dans un délai raisonnable pour éviter que les impactés s’impatientent trop…
Pour plus de détails sur ce 4ème rapport trimestriel du comité de suivi de la préfecture de Beyla cliquez sur le lien Ci-joint :Rapport semestriel du comité de BEYLA N° 3 et 4
Mohamed Slem Camara