Du 10 au 14 juin 2025, s’est tenue à Abidjan en Côte d’Ivoire, la deuxième conférence mondiale des Journalistes scientifiques Francophones sous le thème “ Une seule santé ”.
En marge de cette rencontre scientifique initiée par le Réseau des Journalistes scientifiques d’Afrique francophone et ses partenaires, plusieurs thématiques ont été abordées par les panélistes conviés. Parmi elles, la coexistence de l’homme et la biodiversité afin de prévenir les zoonoses.
Selon le Dr walker Kra sociologue et membre du réseau sciences et santé unique en Côte d’Ivoire, la question de la coexistence entre l’humain et la biodiversité ne devrait pas se poser : « Puisque cette coexistence est une source de rupture. C’est-à-dire qu’il faut laisser les animaux là où ils sont dans leur environnement. C’est pour cela que les parcs nationaux, les réserves existent. Il y a également les forêts classées. Il faut trouver les moyens de les laisser là où ils sont de façon à ce qu’il y ait le moyen de contact possible. Aujourd’hui, les choses ont changé. L’homme s’invite dans le milieu naturel et l’animal aussi s’invite en milieu d’habitation urbaine sous l’effet de phénomènes comme l’urbanisation galopante » dit il.
Aux dires de M. Walker, des activités humaines contribuent à la destruction de la diversité biologique des espèces. « Quand on détruit des parcelles de forêts pour construire des bâtiments, ériger des murs, on s’attaque aux habitats des animaux. Quand ils n’ont plus d’habitat, ils se sentent légitimes à venir concurrencer ou compétir avec l’homme sur les Habitats urbains », s’explique-t-il avant d’étayer avec un exemple : « on a vu ces cas typiques ici à Daloa où des éléphants sont sortis il y a cela des années de leurs habitats qui étaient sous pression anthropique pour se retrouver dans la ville de Daloa. Dans les environs, il y a eu des dégâts, même des cas de mort. Il faut que l’homme reste dans ses habitats et dans les animaux dans les leur » conseille t’ il.
Parlant de la zoonose, ce maître de conférence à l’université Alassane Dramane Ouattara de Bouaké revient sur le rôle de l’homme dans la propagation et la lutte contre ces maladies zoonotiques : « La question des zoonoses qui se définit comme la transmission de la maladie de l’animal à l’homme, vice-versa doit être appréhendée sous différentes formes et sous les dimensions y compris sous l’angle des sciences sociales. C’est-à-dire que, c’est un phénomène d’abord comportemental qui consiste pour les humains à occuper des espaces qui ne sont pas les leurs notamment des espaces naturels de biodiversité. Malheureusement, quand un homme occupe ses espaces, il y organise une vie sociale. Laquelle vie sociale crée de l’interaction entre l’homme et l’animal. Ce qui est d’une source de risque de zoonose ».
Les alternatives pour créer une adaptation afin de faire face aux zoonoses.
« Je pense qu’en tant que scientifique, la première des choses, c’est de promouvoir la science comme opportunité de production de connaissance sur ce phénomène complexe des relations entre l’homme et la nature ».
Ensuite, le Pr Walker déplore la non-utilisation efficiente des données ou recommandations issues des recherches. « En règle générale, dans nos pays africains, la connaissance entre la science et le politique n’existe pas toujours. On fait des études et des recherches, mais les résultats sont faiblement exploités. Les décisions politiques ne sont toujours pas prises sous la base des évidences scientifiques. Il faut que cela change ». Enfin, la notion du ONE HEALTH qui est une approche pluridisciplinaire pour travailler sur des questions donc de la relation entre l’homme, l’animal et la plante, le sociologue-scientifique met un accent sur l’accompagnement des scientifiques. « Troisième chose, il y a des structures ou des institutions qui portent le projet One health. En Côte d’Ivoire, c’est la plateforme une seule santé et les institutions non-étatiques qui doivent être renforcées du point de vue de leur capacité opérationnelle pour leur permettre de porter les projets ONE HEALTH. Également de mener, appuyer et développer les plans de recherche et de faire le plaidoyer pour que le gouvernant s’intéresse aux résultats de ses recherches afin de pouvoir prendre des décisions de changement basées sur les évidences scientifiques » recommande Dr Walker Kra.
Mohamed slem Camara Batè FM / Kankan24.com (Guinée)