Depuis quelques semaines, la région administrative de Kankan notamment les préfectures de Kankan, Siguiri et Mandiana font face à une crise persistante de carburant.
L’obtention de l’essence et du gasoil constitue un véritable calvaire pour les citoyens. Dans les rares stations qui continuent à vendre le carburant, les longues files d’attente sont visibles. Une situation qui n’est pas sans conséquences sur le quotidien des populations. C’est le cas des producteurs agricoles de Banankoni, localité relevant de la sous-préfecture de Karifamoriah. Notre rédaction s’est rendue dans la localité.
A Banankoni, une localité située à une vingtaine de kilomètres de Kankan, les producteurs sont partagés entre désespoir et tristesse. Plusieurs spéculations agricoles dont les maïs, gombos, piments, tomates, sont aujourd’hui au point mort. Une situation qui selon les producteurs agricoles est liée à la crise de carburant qui sévit depuis plusieurs semaines dans la savane guinéenne. Faute d’essence, les motopompes sont à l’arrêt. Les périmètres maraîchers ne sont plus irrigués, des cultures qui nécessitent de l’eau en continu sont en train de mourir. Une situation alarmante que nous décrit Bangaly Kaba, l’un des jeunes exploitants de la zone : « Je suis en train de préparer l’oignon aussi pour un hectare, mais impossible de gagner l’essence pour venir arroser les pépinières. Comme vous le voyez ici, cela impacte beaucoup sur moi. Et je peux dire en un mot, qu’il n’ y aura pas de production cette année ainsi que de bons résultats. Si ça continue comme ça, jusqu’à une ou deux semaines, l’année-là serait fauchée ».

A quelques mètres de là, un autre champ attire notre attention. Il appartient à un étudiant. C’est ici qu’il tire profit pour couvrir l’essentiel de ses besoins quotidiens dont la nourriture, le transport, les frais de formation. Mais, aujourd’hui visiblement impuissant, il voit son exploitation se dégrader sous ses yeux. Le manque d’eau aggravé par la pénurie de carburant a mis hors service tout son système d’irrigation mis en place. « Vraiment nos travaux sont au ralenti suite à la crise d’essence. Les plantes commencent à être jaunes, parce que ça fait 10 jours de cela qu’on arrive pas à arroser. Même pour gagner 1 litre, c’est difficile. Avec cette situation, on ne peut pas couvrir nos besoins. Il faut qu’on arrête quand même cette année ou attendre l’année prochaine pour la reprise », explique t-il.

Ne sachant plus à quel saint se vouer, Lucien Monemou lance un cri de détresse. Un appel solennel aux autorités pour une intervention rapide au risque de voir les efforts de plusieurs mois s’effondrer à jamais : « Je demande à l’autorité de venir au secours, de voire quand même le problème dû à l’essence pour qu’on puisse commencer nos travaux. Comme ça, cela pourra nous aider quand même cette année », lance-t-il.

A Banankoni, comme dans plusieurs zones agricoles de la Haute-Guinée, les jeunes producteurs agricoles sont aujourd’hui à bout de souffle à cause de la pénurie du carburant. En attendant la fin de la crise, ils continuent d’observer avec impuissance, les différentes plantes qui se détruisent du jour au lendemain.
Facely Enquêteur Sanoh












