C’est dans une atmosphère mêlant espoir et incertitude que s’est tenue ce Mardi 24 Décembre la visite de terrain pour la construction de la centrale solaire de 35 MW à Kankan. Ce projet, porté par l’entreprise Enersado, est pourtant annoncé comme un levier majeur pour l’autonomie énergétique de la région. Cependant, le chantier peine à avancer, confronté à des défis inattendus qui menacent sa réalisation.
Sur les 43 hectares dédiés à la centrale, les travaux de décapage sont déjà achevés, et l’étape suivante, le terrassement, est sur le point de commencer. C’est une société malienne, Interraf, qui est en charge de cette tâche. L’arrivée des équipements pour ce terrassement est prévue pour le 15 janvier 2025 au plus tard, selon les précisions du PDG d’Enersado, Lonceny Dioubaté. Mais ces avancées techniques cachent une réalité bien plus complexe.
Depuis le lancement des travaux en octobre 2024, Enersado a dû gérer plusieurs obstacles, notamment des conflits avec des populations locales qui occupaient le site. À ces tensions s’ajoute un autre problème de taille : un projet de village artisanal, financé par le ministère de la Culture et du Tourisme, a vu le jour sur une partie du terrain réservé à la centrale solaire. Ce village occupe actuellement deux hectares sur les 43 prévus, rendant impossible la coexistence des deux initiatives, selon le PDG d’Enersado.
Lors de sa visite, Lonceny Dioubaté n’a pas caché son mécontentement :
« La population de Kankan doit comprendre que si les travaux du village artisanal continuent, je vais arrêter le chantier de la centrale solaire. Nous ne sommes pas compatibles avec ce projet. Le site appartient au ministère de l’Énergie et a été réservé uniquement pour les panneaux solaires. »
Le conflit repose sur un désaccord quant à l’usage du terrain, d’autant plus que le projet du village artisanal justifie son implantation par les retards initiaux du projet solaire.
Les autorités locales et nationales sont confrontées à un choix difficile : prioriser la centrale solaire en délocalisant le village artisanal ou maintenir ce dernier sur place, au risque de retarder un projet stratégique pour la région. Malgré des assurances répétées des autorités locales quant à la délocalisation du village artisanal, les travaux continuent sur le site, compliquant davantage la situation.
« Plus ils progressent, plus cela complique les choses. Tant qu’ils seront là, nous ne serons pas là, » a martelé Lonceny Dioubaté.
Le projet de centrale solaire de 35 MW à Kankan s’inscrit dans une initiative plus large couvrant également Kouroussa et Siguiri, pour un coût total de 129 millions de dollars. Financée en BOT, cette centrale sera intégralement financée par Enersado, avec un remboursement par le gouvernement sur 25 ans.
Cependant, les défis rencontrés à Kankan pourraient compromettre cet ambitieux projet. Pour Lonceny Dioubaté, l’heure est à l’action rapide de la part des autorités pour éviter une suspension définitive des travaux.
En attendant une résolution, l’avenir énergétique de Kankan demeure suspendu à une décision cruciale, alors que la région espère un jour profiter pleinement de cette centrale solaire, symbole de modernité et de développement durable.
Djoumè koundjan sacko