Le drame s’est produit dans la nuit du mercredi à ce jeudi 21 août dans la commune de Manéah, relevant de la préfecture de Coyah au sud-est de Conakry. Il s’agit d’un glissement de terrain survenu après de fortes pluies dans le secteur zacopé aux environs de 21 heures. Une catastrophe qui a enseveli des habitations entières, coûtant la vie à plusieurs personnes et laissant des disparus sous les décombres.
Selon un dernier bilan provisoire publié par l’agence nationale de gestion des urgences et catastrophes humanitaires (ANGUSH), 15 personnes sont mortes et 10 blessés enregistrés.
Sur place, des maisons sont couvertes et englouties par la coulée de boue. Les secouristes composés de citoyens volontaires, la croix rouge, des agents des services de défense et de sécurité tiennent des pelles et pioches. Un seul objectif les anime : tenter d’extraire les corps ou retrouver d’éventuels rescapés ensevelis sous les décombres.
Cette opération appuyée par les machines chargeuses et bulldozers se passe sous le regard des curieux, proches des victimes et représentants du gouvernement.
Depuis la nuit du mercredi, les équipes de secours sont sur pied. « Nous avons retrouvé plusieurs corps. Ici, il y a une vingtaine de familles qui y vivent. Mais comme vous le constatez, l’endroit a été complètement détruit. À notre arrivée la nuit dernière, il n y avait pas d’accès sur le site et nous nous sommes battus avec l’arrivée du bataillon génie militaire. Nous avons beaucoup agi pour sauver des vies. Depuis 7 heures du matin, nous sommes là également mais il y a beaucoup de corps sous les décombres. Nous cherchons une solution pour ouvrir l’accès aux machines afin de procéder au travail », fait savoir Abdoulaye Bangoura.
Avec le concours des jeunes volontaires de la localité, les secouristes ont poursuivi activement les recherches dans l’espoir de retrouver d’éventuels survivants. « Mais l’ampleur des dégâts et la fragilité du terrain caractérisé par l’accès difficile à la zone ont compliqué considérablement les opérations », confie Abdoulaye Bangoura représentant de la SOGEAC.
Malgré cette situation, des habitants déterminés, creusent furieusement la terre dans l’espoir de retrouver des proches vivants. Des cris retentissent sous les décombres, mais difficile de les situer.
« J’ai perdu ma femme et mes deux enfants. Ils étaient encore à la maison quand tout s’est effondré. Je sais qu’ils sont là-dessous. Donc, je ne peux pas partir sans eux », murmure un rescapé qui peine à s’en remettre.
Pour faciliter les recherches, une société privée spécialisée dans la cynophilie a mis des chiens à la disposition des secouristes afin de retrouver des disparus sous les décombres. Dr Dansa Kourouma, Président du Conseil National de la Transition (CNT) présent sur les lieux exprime sa déception et souhaite la fermeture temporaire du site.
« Nous sommes au stade de deuil. Mais cet endroit doit être fermé pour permettre de trouver des survivants ou des disparus sous les décombres. L’Etat prendra des décisions au bon moment. Parce que, quand les larmes sont en train de couler, on ne doit pas augmenter la frustration et le deuil de la population. Aujourd’hui les efforts doivent être concentrés à la recherche des survivants et à faire sortir des cadavres sous les décombres », a-t-il exprimé avec émotion.
Le gouvernement s’indigne et rassure
Pendant que les recherches se poursuivent sur le site du drame, le Premier Ministre Amadou Oury Bah fait son apparition. Vêtu en costume bleu avec une cravate rouge, le chef du gouvernement guinéen rappelle : « Construire là où l’eau passe, construire dans le lit des anciens cours d’eau, construire en dessous des flancs de montagnes, c’est d’abord une question de responsabilité pour sois et pour sa famille… Nous héritons d’un lourd passif. Des années et des années de laxisme, conduisent à des situations tragiques que nous sommes en train de vivre », déclare le Premier ministre Amadou Oury Bah qui annonce des mesures : « Les pouvoirs publics prendront toutes les mesures pour déterminer les zones constructibles sur l’ensemble du pays. Parce qu’une catastrophe, il faut la prévenir. Pour la prévention, il faut qu’on sache là où on doit construire et là où on ne doit pas construire et prendre les dispositions idoines… Le moment est au recueillement, aux dispositions de secours pour aider et soutenir les familles, les proches des victimes. Dans les prochains jours, d’autres mesures suivront », affirme t-il.
Dans un communiqué rendu public la journée, le gouvernement guinéen par le biais de son porte parole rappelle les efforts de l’État depuis l’annonce du glissement et réitère son engagement auprès des victimes. Pourtant selon plusieurs victimes et citoyens de la localité, jusqu’à 0 h, les secours étaient portés par les jeunes volontaires. Ci joint le communiqué
Le bilan qui pourrait s’alourdir
Même si, l’agence nationale de gestion des urgences humanitaires parle à date du jeudi 21 août d’un bilan de 15 morts et 10 blessés, les proches des victimes peinent à retrouver leurs parents. L’un affirme avoir perdu 10 membres de sa famille qui ne sont pour l’heure pas retrouvés. Les habitants de la localité parlent de l’existence d’une dizaine de maisons dont un immeuble qui se trouvent ensevelis par la coulée de boue. Les recherches continuent sur les lieux.
En attendant, la consternation et la douleur dominent au sein des familles endeuillées et les habitants de Manéah, une localité désormais plongée dans un deuil.
Ce glissement intervient quelques heures après celui intervenu à Dubréka précisement dans le secteur Simbaya village faisant un mort, selon l’ANGUSH.
Moussa Konaté pour Kankan24/ Batè FM Kankan.
