Kassa est une île située à 7 km de la capitale Conakry dans l’archipel de loos. Avec une superficie de 6,5 km² et une population de 20 017 habitants selon le dernier recensement général de la population [2025], elle vit principalement de la pêche. Cependant, cette activité est aujourd’hui menacée par l’invasion des déchets plastiques. Les eaux turquoises de l’océan Atlantique sont désormais souillées par des sachets d’eau et des bidons de jus.

Selon Mohamed Lamine Sylla, chef du quartier de Koromadjan, ces déchets proviennent majoritairement de Conakry :
« Vous voyez les ordures au bord de la mer, mais elles ne sont pas produites ici. Elles viennent d’ailleurs. La mer nous renvoie ces déchets. Bien sûr, nous en produisons aussi, mais en petite quantité. La majorité de ce que vous voyez est charriée par les courants marins. À Conakry, les gens jettent leurs ordures dans la mer, et celle-ci les rejette ici ».

Malgré les efforts des femmes qui organisent des nettoyages, l’île reste submergée :
« Nous avons 10 groupes de femmes balayeuses. Elles nettoient les plages et les bordures de mer, mais c’est insuffisant. Nous manquons de moyens. L’État doit nous aider à collecter ces déchets », explique Mohamed Lamine Sylla.
La prolifération du plastique a drastiquement réduit les rendements de pêche. Une campagne mensuelle d’assainissement est organisée sur les débarcadères, mais la méthode adoptée est l’incinération :
« On entasse les déchets plastiques et on les brûle », a fait savoir le chef de port adjoint.

Le chimiste Mamadou Yaya Baldé alerte sur les dangers de cette pratique :
« L’incinération aggrave la pollution environnementale. Elle ne devrait pas être une solution rationnelle. Il faut privilégier le recyclage, surtout pour une communauté à faible revenu comme celle de Kassa. Les conséquences sanitaires sont graves : les personnes exposées aux fumées inhalent des gaz toxiques et cancérigènes. L’incinération n’est pas une solution viable », précise-t-il.

Pour une meilleure gestion des déchets, le spécialiste en chimie environnementale propose : « Il serait intéressant que l’État fasse sont travail. Son travail c’est d’initier les jeunes de la commune urbaine de Kassa pour qu’ils apprennent les techniques de recyclage des déchets plastiques. Voilà la solution », propose Mamadou yaya Baldé.
En mai 2025, les autorités du gouvernorat de Conakry ont lancé le programme » Riz contre plastiques « , encourageant les habitants à échanger des déchets plastiques contre du riz. Une mesure jugée nécessaire, mais encore très minimale face à l’ampleur du désastre.

Ce reportage est produit par Mamadi Kèndè Mara (Batè FM Kankan) dans le cadre du projet Afri’Kibaaru 2, avec un financement de l’AFD.











