Dans la Sous préfecture de Kaback située à 92, 8 Km, de la capitale guinéenne au sud-ouest de la Préfecture de Forécariah, l’eau potable est une denrée rare. Pour s’en procurer, ces citoyens sont obligés de parcourir de longues distances ou débourser de l’argent pour acheter des bidons de 20 litres avec les particuliers. L’une des alternatives dans cette sous-préfecture insulaire consiste à l’achat des sachets d’eau minérales dont le paquet de 30 sachets se vend entre 7 500 à 8 000 GNF [ 0,92 dollars, NDLR ] selon les localités. Une situation qui perdure depuis des décennies à en croire les habitants et autorités locales. Pendant notre voyage de presse de ce mois de mai 2025 intervenu dans le cadre du Projet Afri’Kibaaru 2 de Cfi Médias, notre rédaction s’est interessée au sujet.
A quelques mètres du siège de la sous-préfecture de Kaback dans le secteur Kaléya, Mabinty Sylla la vingtaine patiente devant la source d’eau naturelle creusée non loin d’un périmètre maraîcher. Avec une corde en main au bout de laquelle est attaché un petit seau rouge en plastique, l’attente devient longue pour cette épouse qui peine à remplir sa bassine et ses deux seaux posés à même le sol. « Il faudra attendre plusieurs minutes pour remplir ce seau que vous voyez dans cette source. Ici, on puise l’eau à tour de rôle. Pour faire le plein de nos bassines, nous sommes contraintes d’attendre jusqu’à 30 minutes », nous lance t-elle.

Cette source non couverte assimilable à un puits artisanal, sert de principal point d’eau pour Mabinty et plusieurs autres familles de ce secteur de la commune rurale de Kaback. L’eau qui s’y trouve est d’une couleur jaunâtre. « Elle n’est pas destinée à boire mais plutôt à faire la cuisine », nous précise-t-elle.
Mais bien avant son utilisation, cette eau puisée passe par la filtration. Pour se faire, Mabinty opte pour la désinfection avec une solution de chlore. « Quand on puise de l’eau, on laisse au repos pour le reste de la journée. Puis le lendemain, on utilise l’eau de javel pour désinfecter. C’est après cette étape que nous cuisinons avec…Quand nous avons les cérémonies comme le mariage, on puise de l’eau avant le jour afin de pouvoir filtrer », a-t-elle dit.

A la question de savoir, si cette eau est buvable, Mabinty Sylla répond : « Non, on ne la boit pas. Ici pour avoir de l’eau buvable, il nous faut parcourir de longues distances comme à Sèmè. Pour y arriver, il faut deux heures de marche à pied aller-retour. Une fois sur le lieu, on est obligé de patienter encore. Car, on est très nombreux à être du rendez-vous. Là-bas aussi, ce n’est pas un puits proprement dit, c’est une source d’eau à l’image d’ici. Mais l’eau qu’on y puise est propre. Dans les districts de Yélibanè et Manqué, il y a des forages. Mais ces endroits sont loin de nous. C’est pourquoi, on préfère acheter les bidons de 20 litres d’eau potable à 2 500 GNF ou les sachets d’eau minérales ».

Au siège de la sous-préfecture, un puits artisanal est aménagé. Les hommes et femmes y viennent également pour puiser de l’eau. Mais une eau colorée qui nécessite un traitement local avant la consommation. Des femmes interrogées affirment faire recours à une méthode de filtrage mécanique qui consiste à utiliser du sable et du charbon. « Ces éléments sont mis par couche dans un seau perforé. Ensuite, on couvre avec un tissu et verse l’eau puisée dessus. Ce mélange va retenir les particules solides contenus dans l’eau. Même la coloration jaune disparait et elle reste collée au tissu après le mécanisme. L’eau obtenue à l’issue de cette méthode peut être utilisée pour des fins de cuisine », laisse entendre une autre citoyenne de Kaléya.
Aucune installation de la société guinéenne des eaux (SEG) n’est présente dans les différents districts. Étant une ville côtière, les différents cours d’eau font face à une salinisation provoquée par la montée des eaux de mer.

Pas plus de 5 forages pour 31 secteurs de l’unique commune rurale de Kaback
Selon Mohamed Lamine Touré, Président de la délégation spéciale de Kaback, 70 % des forages implantés dans les 8 districts de la commune rurale, ne sont pas opérationnels. « Notre équipe est nouvelle. Mais je peux citer Yélibanè qui a un forage au sein de l’école primaire, ensuite Manqué où il y a un forage au centre de santé ainsi qu’à Kèka, un secteur du district de Seydouya », ainsi a énuméré la première autorité communale de Kaback.
Le sous-préfet de Kaback annonce la construction de 8 nouveaux forages dans les jours à venir. « C’est le fruit de la coopération Guinéo-Suisse », déclare le Commandant de la Police Ibrahima Mamadama Camara, actuel sous préfet de la localité.
En attendant la concrétisation de ces projets, les habitants de Kaléya et d’autres secteurs continuent de se plaindre du manque d’eau potable.
Mohamed Slem Camara pour Kankan24.com et Batè Fm Kankan