Dans la localité de Bougouroun située à 45 Km, de Siguiri centre au nord-est de la Guinée, les responsables des deux districts font face à des accusations de détournement de fonds publics de la part de certains membres des bureaux et de la communauté. Cette affaire de détournement présumé de fonds porte sur un montant qui varie entre 456 millions de francs guinéens [52 580 USD] et 1 milliard GNF [115 309 USD]. Ce qui constitue une source de désaccord entre les membres des deux bureaux de districts et les habitants. Une situation qui perdure depuis le mois de juin 2025. Réunis en collectif, les citoyens de Bougouroun ont investi le 13 octobre dernier, les locaux de la préfecture pour non seulement interpeller les autorités administratives, mais exiger le départ des deux principaux concernés. A savoir : M. Kama Camara président du district 1 et Kankou Moussa Camara, président du district 2.
Bien avant cette sortie, une plainte avait été portée par les communautés contre les deux responsables locaux accusés de détournement de denier public. 12 membres des deux bureaux ont d’ores et déjà démissionné.
Rapport d’activités qui accablent les responsables locaux
Parmi les démissionnaires, figure Mouctar Camara Secrétaire du district 1. Il explique cette décision par le manque de transparence dans la gestion. « La communauté ne veut pas de nous à cause de la mauvaise gestion financière. J’ai décidé de démissionner pour consolider l’accalmie dans la ville. Tant que les responsables ne nous expliquent pas clairement la gestion des fonds, je ne vais pas revenir », a-t-il affirmé.
Dans un rapport de gestion signé par les secrétaires administratifs des deux districts, de janvier à juin 2025, les recettes issues de l’exploitation artisanale s’élèvent à 1 080 000 000GNF [124 533 USD]. Mais indique le rapport, les présidents des districts 1 et 2 n’ont déclaré que la somme de 131 000 000 GNF [15 105 USD] aux sages. « A notre absence ». « Selon nos enquêtes, nous avons constaté 180 puits artisanaux d’exploitation aurifère dans la mine de Figna. Chaque puits était payé à 6 000 000 GNF [691 USD] par mois. Au bout de 5 mois d’activité les présidents de district n’ont fait aucune déclaration ni aux secrétaires, ni à la communauté », révèlent les secrétaires des bureaux 1 et 2 dans ledit rapport.
Outre ces recettes issues des taxes que les exploitants de puits artisanaux payaient, les secrétaires administratifs rappellent dans ce rapport, un autre fonds issu des activités d’exploitation de l’or à Figna. Ce montant s’élève à 350 millions de francs guinéens [40 358 USD]. Selon eux, cet argent reste introuvable.
Dans la mine de Komondon située dans la localité de Bougouroun à cheval avec Setiguiya, le rapport révèle une recette de 11 000 000 GNF [1 268 USD] à date du 9 juin 2025. « Après tout, ils ont fait aussi deux mois d’activités sans compte rendu », peut-on lire dans ce rapport ci joint.
Les responsables concernés se défendent
Dans le but de recouper l’information, la rédaction de kankan24 est entrée en contact avec M. Kama Camara président du district 1. Au téléphone, il a réfuté toutes les accusations portées à son encontre. « Je jure, je n’ai rien détourné et je ne me reproche rien. Tout ce qui est dit est faux », s’explique-t-il.
Selon lui, les fonds de la collectivité ont servi à la réalisation et rénovation de certaines infrastructures. « J’ai rénové deux écoles primaires de la localité. Ensuite, j’ai finalisé les travaux de construction d’un poste de santé construit ici en mettant les fenêtres et portes », s’est-il défendu avant de rappeler d’autres acquis : « J’ai construit un pont en bois dans le secteur Figna. Sans oublier l’envoi de 60 sacs de ciment pour en faire des briques. J’ai ensuite envoyé du sable dans ce secteur. A nounou, un autre secteur, j’ai fait la même chose en envoyant 60 sacs de ciment et les chargements de sable. Les portes et fenêtres pour la mosquée ont été également achetées pour la construction d’une mosquée », relate Kama Camara.
En ce qui concerne sa collaboration avec le secrétaire Mouctar Camara, le Président du district 1 révèle : « Depuis qu’il est secrétaire, il n’a jamais signé un de mes documents. Il a été nommé, mais il n’a jamais été présent durant nos 6 mois de gestion. A son absence, c’est Lamine Camara qui signait les documents », a déclaré Kama Camara.
Il rappelle par ailleurs « la calcination », de son véhicule pendant les mouvements de protestation des manifestants tenus à Bougouroun.
La justice saisie
Le 7 octobre 2025, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Siguiri a instruit au commandant par intérim de la brigade de recherche de Siguiri à l’ouverture d’une enquête autour de la gestion des fonds issus de l’exploitation artisanale d’or des collectivités de Bougourou et de Bida par dit-il certaines autorités locales. Cette réquisition aux fins d’ouverture d’enquête signée par M. Ibrahima Camara, procureur de la République près le tribunal de première instance de Siguiri ordonne également la recherche et l’interpellation de toute personne mêlée à ces malversations financières au détriment desdites communautés.


Si à Bida, le président du district Kabinet Sidibé a été suspendu suite à des accusations de détournement de la somme de 3 milliards de francs guinéens [345 927 USD], à Bougourou localité relevant de la sous-préfecture de Franwalia, les investigations se poursuivent apprend-on.
Pour rappel, c’est au mois de janvier 2025 que les présidents des districts 1 et 2 ont pris fonction. Affaire à suivre.
Mohamed Slem Camara












